« On ne vit plus, on se contente de survivre. La vie qu’on menait avant, la Grèce d’avant, me semble désormais un rêve qui n’a jamais existé. On nous a détruits. Alors, on n’a plus peur de rien. »
Même s’il n’est pas sûr de ce qu’il va faire dans les jours à venir pour faire tourner son entreprise, Antonis, 46 ans, veut rester confiant : « Moi, avec mon petit bureau de comptabilité, je m’en sors. Juste, mais je m’en sors. » C’est donc plus en tant que citoyen qu’il tient à s’exprimer : « C’est pour les petites gens que la vie devient de plus en plus difficile. Et c’est encore eux qu’on veut faire payer. Il est temps d’arrêter ce processus. Après ce plan de rigueur, il y en aura un autre, puis un autre. C’est une chaîne sans fin. La seule solution, c’est d’annuler la dette de la Grèce, mais sans quitter l’Europe. Nous voulons rester dans l’Europe mais pas dans une Europe comme celle-là, qui n’a plus rien à voir avec l’Europe des fondateurs. Et j’espère qu’on va y arriver. »
« Même si on doit vivre avec rien, on résistera ! »
Nikos, un retraité de 62 ans, ne demande qu’à parler à son tour : « En effet, je vais voter « non » au référendum convoqué par le premier ministre Alexis Tsipras ! Qui l’aurait cru ? Dans ma famille, on est de droite depuis des générations. On vient de la Laconie profonde (ndlr : au sud du Péloponnèse). Eh bien, je suis devenu un fanatique de Syriza désormais. Jusqu’à en mourir ! Ce sont les seuls qui se sont battus pour nous. Quelle fierté de voir ce jeune premier ministre leur tenir tête, à tous ces Allemands et ces Européens ! Ils lui ont donné une bombe dans la main et ils attendaient qu’elle explose. Mais c’est chez eux qu’elle va éclater ! »
Sa colère se fait encore plus précise : « Qu’est-ce qu’ils croient ? Que je vais payer mes impôts pour qu’ils aillent directement dans la poche des banques allemandes ou françaises et au FMI ? On ne s’est pas agenouillé durant la Deuxième Guerre mondiale, ce n’est pas maintenant qu’on va le faire. Je suis même prêt à revenir à la drachme. Je veux une monnaie qui serve notre économie. Pas le contraire. Avant, j’avais une cafétéria en plein cœur d’Athènes. J’ai dû la fermer et elle a été remplacée par une grande chaîne américaine. Ils veulent faire agenouiller la Grèce, qu’on perde notre souveraineté. Mais même si on doit vivre avec rien, on résistera. »
Alors pour lui, avoir un peu moins d’argent que d’habitude, ce n’est pas important : « Les restrictions, ça ne me fait pas peur. Moi, j’ai été élevé à la dure. Ce qu’on mangeait, c’était du pain imbibé d’huile avec un peu de feta et de la tomate concassée. On a grandi comme cela. On survivra à tout ! »